Ma pratique est issue de l’exploration répétée d’une parcelle de territoire choisie. Par mon travail photographique, je veux révéler un contexte ou une ambiance particulière que je rends encore plus palpable grâce à des manipulations physiques qui altèrent les images. Je conçois mes photos comme de multiples bribes de paysages capturés à la volée. La présence humaine dans mes œuvres n’est d’ailleurs qu’un indice supplémentaire qui contribue à faire ressortir l’unicité d’un lieu.
C’est avant tout l’expérience affective qui motive mes actions. Alors que l’humain s’ingénie à structurer son environnement en dénaturant les milieux qu’il investit, je m’emploie à créer des images qui redonnent à notre monde son caractère organique. Je circonscris un espace, l’observe et m’y intègre pour tenter d’en extirper son essence. J’imprime parfois mes corpus pour leur faire subir une suite de manipulations qui sont planifiées au moment de la prise de vue. À l’aide d’un assemblage de techniques, je bricole mes photos pour leur donner un aspect éthéré accentuant leurs qualités formelles.
Mon travail témoigne de l’expérience personnelle que j’ai vécue en arpentant un endroit précis. Au contact de mes photos, l’observateur est toutefois libre de se reconstruire un lieu et un contexte plus familiers par le déploiement de son imaginaire. Mes procédés d’altération éloignent mon travail de la représentation objective de la réalité. Lors de mes déplacements et de mes errances, je réfléchis à la place de l’humain dans la nature, et à la perception qu’il en a. Je déconstruis, par l’isolement d’éléments précis et par un processus d’abstraction, ce qui depuis des siècles s’accumule pour former des milieux de vie toujours plus organisés, productifs et contrôlés.