Une ode à la Terre Mère Pachamama. À sa résilience et résistance aux abus de l’Homme, à sa créativité et au fait que même la mort la rend plus forte.
Peindre pour moi c’est davantage une question d’énergies et d’émotions que je traduis par des mouvements sur la toile. Je ne cherche pas systématiquement à tout contrôler, tant au niveau de la couleur que de la forme, mais laisse plutôt une part au hasard. C’est ce qui me permet de découvrir ma création avec autant de candeur que le spectateur. J’aime particulièrement les couleurs et la manière dont elles se mélangent sans se brouiller, en créant des microcosmes un peu comme des toiles dans la toile. Pour ce faire j’essaie souvent de travailler également en volume afin de créer une peinture en trois dimensions ou l’observateur peut se perdre encore plus facilement. Il arrive souvent que l’on me demande la signification de mes toiles, même si je l’évoque par un titre. En fait j’aime offrir un voyage rempli de mystères aux témoins curieux qui y trouvera ses propres histoires et symboles, enrichie de ses expériences.
J’ai parfois une idée assez nette de ce que je veux exécuter, mais fréquemment c’est juste une idée globale de la couleur, de la forme et de la dimension. Je commence tout d’abord à dresser le cadre en choisissant une musique qui va me guider vers mon but. Ensuite je choisis les couleurs et commence les mélanges avec les gels de différentes textures. Je sélectionne également les autres matériaux dont je pense avoir besoin, comme les billes ou les morceaux de métal, et je me laisse alors conduire par la toile elle-même qui semble avoir sa propre énergie et ses propres besoins. Je dois tout simplement m’abandonner à mon intuition et cesser de penser, un peu comme lors d’une méditation.
Habituellement je tourne autour de la toile posée à plat sur une table ou des tréteaux afin de la voir sous tous les angles et équilibrer au mieux chaque partie. Puis, parfois, je monte sur un escabeau pour y faire des projections ou incline la toile encore légèrement fraîche afin que les éclaboussures pénètrent profondément les couches et y révèlent les strates dissimulées comme autant de trésors archéologiques. La plupart du temps je travaille d’un trait en quelques heures, mais il arrive que j’y passe quelques semaines, voire quelques mois si des temps de séchage ou de construction sont requis. Ce qui me demande le plus de temps est en fait la préparation de la toile, du cadre environnant et surtout la préparation émotionnelle qui sera le moteur décisif de ma création.