Mon travail artistique commence avec les mandalas : couleurs, formes et textures. Cet exercice me permet de me recentrer et me détendre en période d’instabilité. J’aime y aller dans le détail, choisir avec précision quel tracé mettre en regard de quel autre, pour tenter de créer une harmonie globale. Mon travail évolue ensuite et la forme ronde du mandala se transforme en contours de visages. Naît alors une série de mini-portraits de style plutôt cubiste, tout en formes étranges et irréelles.

Par la suite, le portrait devient un axe important de mon art. J’aime les reliefs d’un visage, les creux des yeux, l’arête du nez. Ils sont semblables à des paysages en ombre et lumière qui racontent un moment de vie. Je travaille à partir d’une photo et je dessine le visage à main levée. Je cherche le hasard de ma main, je cherche le biais de mon regard qui va me faire dessiner le visage un peu différemment que ce qu’il est. Le réalisme et la reproduction parfaite ne sont pas mes moteurs. Ce qui me passionne c’est de m’approprier le visage en face de moi pour créer quelque chose de nouveau.

Mes visages étranges sont le fruit de cette collaboration entre les portraits et les formes géométriques qui se retrouvent à l’intérieur de l’œuvre. Cette union représente notre dualité : ce que l’on est et ce que l’on cache. Les lignes, cercles, carrés et triangles, imbriqués les uns dans les autres, forment des détours et des cheminements de vie. Ils nous donnent accès à la personne dans son intégralité.

Mon objectif est d’exposer cette dualité au spectateur, afin qu’il puisse se demander ce que cache la personne représentée derrière ce portrait. J’aimerais que chacun puisse se noyer au cœur de chaque portrait, fixer les entrelacs de formes pour se détacher de la réalité.
J’invite le public à s’immerger dans l’œuvre pour mieux s’immerger en lui-même. Prendre le temps de regarder l’autre dans sa globalité pour s’accepter soi-même.